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Cette semaine sur Daily Green, je donne carte blanche à une entrepreneuse inspirante, Kelly Tinchon. Elle est la fondatrice de Labita et le temps de cette 80e édition, elle nous partage sa vision de l'habitat durable, un enjeu majeur de notre époque.
Kelly nous montre comment nos manières d'habiter peuvent freiner ou au contraire accélérer les transformations essentielles pour une société plus respectueuse de l’environnement et du bien-être humain.
Elle envisage l’habitat comme un patrimoine destiné aux générations futures, un puissant créateur de lien social et de liberté individuelle. Elle intègre également la végétalisation et la promotion de la biodiversité, deux leviers indispensables pour rendre nos villes et villages plus vivants et s’adapter au réchauffement climatique.
Je laisse la place à Kelly, bonne lecture !
“L’habitat est l’un des meilleurs points de rencontre entre tous les êtres humains pour engager les transformations durables, nécessaires de la société”
Explorer de nouveaux métiers dans le domaine de l’aménagement des territoires s’est présenté comme une évidence après avoir travaillé quelques années dans l’aménagement intérieur (Camif), fait mes premiers pas dans l’investissement immobilier et cherché à vivre autrement dans ma vie quotidienne.
Et pourtant, que cela soit en cherchant à développer de nouveaux modèles, à investir et rénover des logements ou bien à entamer des transitions dans ma vie personnelle, je me suis aperçue que nos manières d’habiter actuelles n’aidaient pas - voire même étaient des freins - à la transformation.
J’ai alors entamé des recherches pour en découvrir plus sur les solutions apportées par le secteur du bâtiment. C’était facile : “les solutions existent déjà, elles ne sont juste pas encore devenues une norme !” Elles sont là, à portée de main : l’économie circulaire, le bioclimatisme, le biomimétisme, la renaturation... Et pourtant, les transformations de nos territoires se font à grande peine.
“Comment rendre désirables ces transformations d’organisations et de modes de vie afin de réussir à faire bouger les modèles économiques et réglementaires pour aboutir à des projets concrets ?” Pour répondre à cette question, j’ai dévoré des livres sur le bonheur dans le monde pour comprendre quels étaient les points clé de ses cultures qui étaient si heureuses. A chaque lecture - et je dirais même pour chaque culture - l’habitat et les manières de rendre son lieu de vie vivant étaient un point central. Et si nos manières d’habiter pouvaient être l’un des points de départ à une évolution en profondeur des citoyens ?
Un laboratoire d’habitat pour explorer de nouvelles manières d’habiter. C’est la racine du nom de l’entreprise qui est la contraction de cette intention : Labita (laboratoire d’habitat), avec qui j’allais participer à la réinvention de nos modes d’habiter en créant un nouveau métier, celui de designer de territoire vivant. Comment ? En abordant 3 enjeux indissociables de nos territoires cristallisés dans son Manifeste.
🏡 L’habitat : concevoir des lieux de vie, vivants, qui durent dans le temps.
✊ Le citoyen : faire de nos lieux de vie, un moteur de l’engagement citoyen.
🦋 Le vivant : participer à la renaturation des villes.
Coopérer et se positionner en gardien des territoires ?
Concrètement, je me positionne en tisseuse de lien entre les différents acteurs de la ville avec des accompagnements innovants, basés sur l’intelligence collective. L’objectif étant de redéfinir une vision désirable et pérenne de nos manières d'habiter sur le territoire afin d’en faire ressortir des stratégies et projets immobiliers. Qui sont ces acteurs de la ville ? Je m’adresse aux territoires (collectivités et communes), aux bailleurs et financeurs ainsi qu’au experts métiers tels que les architectes.
Pour engager des transformations pérennes, je crois en une coopération des acteurs de la ville pour proposer une vision commune des visions d’aménagement et de projets immobiliers du territoire. Labita propose des parcours immersifs innovants pour passer du “concept au faire” jusqu’au montage financier d’un projet. (Parcours Habiter Demain).
Mais avant de coopérer ensemble, les territoires ont besoin de définir ce qu’ils veulent être, leur raison d’être. Quelle est l’ADN de mon territoire ? Quel est l’héritage dont nous pouvons être fier ? Comment développer l’attractivité de celui-ci ? Quels sont les talents et ceux à développer ? (Ikigaï Territorial)
Et si ... on abordait l’aménagement de territoire différemment pour faire émerger des villes et villages vivants ?
Par la dissociation du foncier et du bâti avec une structure protégeant le patrimoine naturel du foncier;
Par l’attribution d’un quota de zones vertes et vivantes dans les outils de planification urbaine, réellement appliqués et réellement contrôlés ?
Et si ... on travaillait ensemble pour démontrer que le patrimoine naturel d’une ville contribue bel et bien à développer l’attractivité d’un territoire, à sécuriser la valeur du foncier et le bien-être de ses habitants ? (Projet en cours de construction)
Ce qui m’a inspiré pour lancer Labita
➜ Le petit livre des impossibles, il ne paie pas de mine mais c'est l'un des premiers bouquins que j'ai acheté en étude sup'. Il m'a toujours guidé dans mes choix de carrière, dans mon envie de faire de mes utopies une réalité. Quelques années plus tard, j'ai découvert les 2030 Glorieuses de Julien Vidal.
➜ Les livres de Sylvain Grisot et pour citer le dernier : Redirection urbaine. J'ai eu ce besoin irrépressible de comprendre la fabrique de la ville avant de lancer Labita et des projets à plus petite échelle. Chaque acteur doit avoir conscience qu'il s'imbrique dans un écosystème (ici les villes et villages) et qu'il est co-responsable de ce qu'il crée. A chaque fois que je propose des accompagnements, des idées, je me pose la question : est-ce que cela s'inscrit dans la trajectoire du territoire ? Nous avons besoin de récits communs aujourd'hui et de coopérer vers des territoires plus justes et durables, nous n'avons plus le temps de se battre pour proposer de nouvelles solutions. J'aime le positionnement de Sylvain Grisot qui incite à "porter un regard bienveillant sur l'existant" et à s'inscrire dans une continuité avec exigence et ambition.
➜ Ecotopia : on manque cruellement de récit positif, de projection vers ce que pourrait être une société qui ralentit, qui se reconnecte avec la nature et qui est plus équitable. Ce livre a été pour moi une révélation pour me lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Mis à part le fait que ce livre soit tombé du ciel au moment où je me demandais : est-ce que je peux me permettre de me lancer dans le secteur du bâtiment ? Il apporte une vision de ce que pourrait être la ville de demain et ses territoires alentour. C'est une vision désirable avec une connexion de transport en commun exceptionnelle qui permet aux habitants de vivre à la campagne tout en ayant accès à tous les services de la ville. Ce livre démontre en transparence les côtés sombres et sauvages d'une transformation. Et ça fait du bien d'oser dire que ça ne sera pas tout rose et parfait pour chaque être humain sur Terre ! Ce récit met en avant la nécessité que chaque citoyen doit aussi prendre ses responsabilités et accepter de s'inscrire dans un "tout". Ce tout, c'est la société, son pays, sa ville, son quartier. Ce "tout" n'est pas parfait dans le détail, mais il a le mérite de rendre heureux.
➜ Les livres de Meik Wiking et celui d'Anne Thoumieux. Je vais vous parler de l'un d'entre eux : Le livre du Lagom. C'est ce livre acheté il y a quelques années qui m'a fait entamer la réflexion sur le bonheur dans le monde, la désirabilité d'une vie plus sobre, mais bel et bien heureuse. L'art Suédois, du "ni trop, ni trop peu". Ce livre plonge vers une culture qui n'est pas la nôtre, mais qui représente quelque chose de désirable pour s'inspirer et créer plus de lien social en France. L'art de faire moins, mais mieux et d'être acteur de sa vie ?
Merci Kelly d’avoir pris part à cette édition. Vous pouvez retrouver Kelly sur Linkedin et découvrir Labita sur le site internet.
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À très vite !