Quelle place pour la biodiversité dans nos villes ?
#Edition 105 - Pour découvrir la diversité du vivant en milieu urbain
Bonjour,
À l’heure où la place de la nature en ville devient un enjeu majeur, la biodiversité urbaine reste limitée et fait face à de nombreux défis : pollution, fragmentation des habitats, bétonisation et espèces envahissantes réduisent sa richesse et sa diversité.
Malgré ces contraintes, la ville accueille une étonnante mosaïque de vie. D’autant plus que les espèces sauvages, cultivées et domestiquées sont capables de s’adapter à notre environnement en perpétuel changement.
Une nouvelle raison de s’émerveiller dans cette nouvelle édition !
Bonne lecture !
Cette édition est soutenue par Verdangry
Un jardinichoir pour favoriser la biodiversité urbaine
La société Verdangry, fondée par Anthony Gontier, développe des solutions innovantes pour lutter contre l’érosion de la biodiversité urbaine et sensibiliser les citadins à la nature.
Sa dernière innovation, le Jacques Moineau, un nichoir-jardinière amovible en pin Douglas (coupe française) est fabriqué en France, à Montpellier. Il accueille une colonie de moineaux de trois nids et deux gîtes à pipistrelles, de part et d'autre de la jardinière.
Le jardinichoir s’intègre autant à la maison qu'en entreprise. Il participe à un émerveillement quotidien et renforce le lien entre habitants et biodiversité en ville.
Vous découvrez Daily Green - La nature en ville, voilà quelques informations :
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Coup d’œil rapide sur l’édition 105
La biodiversité urbaine dans l’Histoire
La biodiversité face au contexte urbain
La biodiversité la plus représentée en ville
La synurbisation, la capacité à s’adapter au comportement humain
L’impact sur la santé humaine
Comment la biodiversité urbaine a-t-elle été perçue dans l’Histoire ?
Historiquement, la nature en ville a longtemps été perçue comme un élément secondaire, voire gênant. L’urbanisation du XXe siècle a accentué la séparation entre espaces urbains et naturels. La ville se voit comme un lieu de progrès, d’ordre et de maîtrise de la nature sans réelle concession avec elle.
Les villes et leurs espaces verts sont surtout conçus pour leur valeur esthétique ou pour satisfaire nos loisirs, en créant des espaces récréatifs, des espaces de détente ou de tourisme. La préférence est accordée a des espèces ornementales, souvent exotiques, sélectionnées pour répondre aux contraintes urbaines et embellir les villes.
Cependant, cette perception évolue dans les années 1980-1990, avec une prise de conscience de l’importance de la biodiversité urbaine pour le bien-être, la santé et l’adaptation au changement climatique.
Les citadins expriment aujourd’hui un désir de nature proche de chez eux. On ne cesse de le répéter mais les espaces verts joueraient un rôle social fort dans la vie des quartiers.
Les arbres et les oiseaux sont en quelque sorte les symboles de cette nature urbaine, appréciés pour leur capacité à rythmer nos saisons et à offrir des repères temporels dans nos rythmes effrénés.
Aujourd’hui, la biodiversité urbaine bénéficie d’une reconnaissance croissante. Il est vrai que c’est encore insuffisant. Les mentalités évoluent et on ne se limite plus à apprécier la Nature en ville pour son simple aspect esthétique. On lui reconnaît désormais pleinement les fonctions écologiques et les services rendus aux écosystèmes.
Cette évolution s’accompagne d’une demande citoyenne pour des politiques urbaines plus vertes, une meilleure gestion des espaces naturels et une cohabitation harmonieuse avec elle.
La biodiversité face au contexte urbain
Les freins au développement de la biodiversité en ville sont nombreux et rythment notre quotidien. Vous allez voir il est très facile de se les représenter.
Une pollution élevée : l’air, l’eau et les sols urbains : l’ensemble de l’environnement urbain est pollué. Une forte nuisance pour la santé des espèces végétales et animales, il est difficile de se dire que nous puissions y échapper !
La fragmentation et l’artificialisation des habitats : les espaces naturels sont morcelés et isolés. Les routes, les bâtiments et infrastructures sont autant de frontières et de barrières qui entravent la circulation des populations animales et végétales.
La bétonisation et le manque d’espaces verts : la forte densité des constructions réduit considérablement la surface disponible qui lui est accordée.
L’effet d’îlot de chaleur urbain : les villes ont cette capacité à accumuler la chaleur. Les températures pouvant varier considérablement d’une zone urbaine à un milieu rural quelques kilomètres plus loin. Cela crée des conditions extrêmes et perturbe de nombreuses espèces.
La gestion de l’eau modifiée : à vouloir canaliser à tout prix l’eau de pluie, on raréfie les zones humides, ce qui affecte la faune et la flore aquatiques.
La concurrence avec les espèces exotiques : les espèces non-indigènes, introduites dans nos villes, souvent/parfois grâce à l’intervention humaine, entrent en concurrence avec les espèces locales.
L’éclairage et la prédominance du bruit : l’éclairage nocturne et le bruit permanent perturbent les cycles de vie, la reproduction et la migration de nombreuses espèces.
La gestion inadaptée des espaces verts : une gestion intensive (une tonte fréquente, le balayage de feuilles et l’usage de pesticides) peut également nuire à sa présence et à sa diversité.

La biodiversité la plus représentée en ville
Selon Nathalie Machon, professeure d’écologie urbaine au Muséum national d’histoire naturelle, la biodiversité urbaine se distingue par la présence de tous les grands groupes taxonomiques : animaux, végétaux, champignons et micro-organismes.
Si les espèces aquatiques sont rares en ville, l’assèchement des zones humides et de la canalisation des eaux de pluie, comme principales raisons, la diversité du vivant en milieu urbain est étonnamment riche et variée.
Cette diversité s’exprime à travers une mosaïque d’espaces – parcs, friches, jardins, toits végétalisés – qui offrent des refuges à de nombreuses espèces capables de s’adapter aux contraintes urbaines.
Une part importante de cette biodiversité est constituée d’espèces cultivées. Les plantes horticoles et potagères embellissent nos balcons, jardins et espaces verts. Certaines de ces espèces s’échappent parfois et s’installent durablement. Elles deviennent mi-sauvages, mi-domestiques, à l’image des roses trémière ou des perruches à collier, que l’on peut reconnaître à leur vol et leurs chants même haut dans le ciel.
Les chiens et chats, compagnons les plus présents dans nos vies, jouent quant à eux un rôle ambivalent. Ils apportent réconfort à certain(e)s et créent du lien social. Mais ils peuvent aussi avoir un impact sur la faune sauvage, notamment par la prédation des chats sur les petits mammifères et les oiseaux.
La biodiversité urbaine compte aussi de nombreuses espèces sauvages, souvent très résistantes aux perturbations humaines : hérissons, écureuils, chauves-souris, insectes pollinisateurs ou vers de terre.
Ces espèces s’adaptent grâce à leur plasticité comportementale, leur tolérance à la proximité humaine et leur capacité à exploiter de nouvelles ressources, un phénomène appelé synurbisation.
Rappelons que la préservation de cette biodiversité bénéficie largement de l’implication citoyenne, notamment via les programmes de sciences participatives. Cet engagement enrichit la connaissance scientifique et encourage une gestion plus respectueuse et collective du vivant en ville.
La synurbisation, la capacité à s’adapter au comportement humain
La biodiversité la plus répandue en ville est composée d’espèces dites généralistes. Elles sont capables de s’adapter aux contraintes du milieu urbain et à la présence humaine.
On retrouve notamment des oiseaux comme le pigeon biset, le moineau domestique, la corneille noire et l’étourneau sansonnet, présents dans plus de 80 % des villes du monde.
Les plantes rudérales, des végétaux qui poussent dans les décombres, les ordures, les abords des habitations et sur les voies de circulation, colonisent plus de 90 % des espaces urbains.
Les rats, les souris ainsi que certaines espèces d’insectes qui répugnent ou effraient certains d’entre nous (fourmis, blattes, araignées), constituent également le cœur de cette biodiversité urbaine.
Cette incroyable adaptation de la biodiversité au comportement humain connaît plusieurs stratégies :
La plasticité comportementale : ces espèces modifient leur alimentation, leur rythme d’activité et leur reproduction, pour tirer profit des ressources urbaines, comme les déchets alimentaires ou les abris artificiels.
Une tolérance à notre présence : beaucoup d’animaux urbains, vous l’avez sûrement constaté, les pigeons ou les rats, sont moins méfiants et deviennent plus dociles. Ce qui facilite leur cohabitation avec les humains.
L’adaptation des espèces en milieu urbain : certaines espèces évoluent dans leur comportement ou dans leur biologie afin de mieux exploiter le milieu urbain. Les mésanges adaptent leur chant pour couvrir le bruit ambiant, les corbeaux utilisent le passage des voitures pour casser les noix. Les lézards urbains s’adaptent avec des pattes mieux adaptées au bitume.
Ce phénomène, appelé synurbisation, désigne l’ensemble des adaptations qui permettent à certaines espèces de se développer en ville. Souvent cela se fait au détriment des espèces plus spécialisées ou plus sensibles. Cette évolution conduit de fait à une homogénéisation de la biodiversité urbaine partout dans le monde.
L’impact sur la santé humaine
Amélioration de la santé physique
La biodiversité en ville contribue à purifier l’air en absorbant les particules fines, à réguler la température et à réduire la pollution sonore. Ce qui par conséquent diminue les risques de maladies respiratoires, cardiovasculaires et de diabète de type 2. Les espaces verts riches en biodiversité favorisent également l’activité physique, et réduisent ainsi l’obésité et le surpoids, en particulier chez les enfants.
Bien-être mental et réduction du stress
Selon Une étude du King’s College London, la présence d’une grande diversité de plantes, d’oiseaux etc. dans les espaces urbains a un effet positif sur la santé mentale. Elle réduirait le stress, l’anxiété et les symptômes dépressifs, tout en augmentant le bien-être général. Plus la diversité naturelle d’un espace vert est élevée, plus ses effets bénéfiques sur le bien-être mental sont importants.
Régulation des écosystèmes et prévention des risques
Les écosystèmes urbains diversifiés jouent un rôle de régulation : ils limitent les inondations en absorbant les eaux de pluie, stabilisent les sols et contribuent à une résilience face aux vagues de chaleur et aux catastrophes naturelles.
Renforcement de la cohésion sociale
Les espaces naturels et la biodiversité favorisent les rencontres, les activités collectives et l’inclusion sociale.
En somme, la biodiversité urbaine est un facteur clé pour une meilleure santé physique, mentale et sociale, tout en renforçant la résilience des villes face aux défis environnementaux et sanitaires actuels.
On ne peut cependant pas ignorer une réalité alarmante : la chute de la biodiversité à l’échelle mondiale. Selon le dernier Rapport Planète Vivante (WWF), les populations de vertébrés sauvages ont décliné de 73 % depuis 1970, un effondrement qui touche tous les continents et tous les écosystèmes.
Cette crise est qualifiée de « sixième extinction de masse ». Elle est directement liée à nos modes de vie : destruction et fragmentation des habitats, surexploitation des ressources, pollution, propagation d’espèces invasives et changement climatique.
Face à cette urgence, ce n’est pas un luxe de répéter qu’il est plus que jamais nécessaire de renforcer la protection de la biodiversité, en ville comme ailleurs, de repenser collectivement notre rapport au vivant pour notre avenir commun.
Les sources de cette édition
La biodiversité urbaine : que nous disent les indicateurs ? [lien]
La biodiversité est un atout inégalable pour l’habitabilité des villes. [lien]
Quelle place pour la nature en ville ? [lien]
Biodiversity is key to the mental health benefits of nature…[lien]
Richesse et enjeux de la recherche sur la biodiversité en ville [lien]
+ Les petit plus
Le Club U2B (Urbanisme, Bâti & Biodiversité) est un groupe de réflexion porté par la LPO (Ligue de protection des oiseaux)- France. L’objectif est de fédérer différents acteurs de la biodiversité urbaine.
Vigie-Nature est un programme de sciences participatives, porté par le Muséum national d'Histoire naturelle et l'Office Français de la Biodiversité. Il invite tous les curieux par nature à contribuer à la recherche en observant la biodiversité autour d’eux.
Le label BiodiverCity est une certification internationale créée par le Conseil International Biodiversité & Immobilier (CIBI) pour valoriser la prise en compte de la biodiversité dans les projets immobiliers urbains.
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C'est tout pour cette semaine ! J’espère que cette thématique vous a donné envie d’en savoir plus sur la biodiversité urbaine et d’être attentif à l’environnement naturel qui nous entoure.
Merci, à notre partenaire du jour Verdangry et son fondateur Anthony Gontier. On se retrouve la semaine prochaine.
Chaque vendredi, Daily Green vous parle de nature en ville et vous invite à découvrir des actrices et acteurs inspirants. Si vous pensez que cela peut intéresser votre entourage, merci de la partager.
Prenez soin de vous !