C’est encore un plaisir de vous retrouver pour cette 7e édition de Dailygreen.
Deux semaines, c’est le temps qui nous sépare de la précédente, “La saison des pluies” sur la ville et de la prochaine newsletter.
Comme moi vous avez probablement l’impression que le temps s’accélère et que les semaines défilent à grande vitesse, au point de n’avoir jamais le temps de finir ce que l’on souhaite dans le délai imparti.
Les champions de la productivité ont plein de solutions -souvent très bonnes- pour permettre d’effectuer toutes nos tâches dans une journée de travail. Parfois de moins bonnes, car on irait jusqu’à accélérer la vitesse de sa souris d’ordinateur (vous avez cette option, si, je vous assure), afin de gagner quelques précieuses secondes sur la journée, la semaine ou le mois.
Le temps n’est cependant pas extensible, malgré toute notre volonté. Il est parfois impossible de planifier sa vie professionnelle et personnelle sur une journée, une semaine, un mois, telle une to-do-list qui n’en finit pas.
Alors, où passe tout ce temps ?
le smartphone ? 2 heures 20 sur internet * ?
le transport domicile-travail aller/retour ? 1 heure et quart ? **
le temps du repas a été divisé par 2 en 20 ans.
notre temps de sommeil ? il a été réduit d’1 heure à une 1h30 en 50 ans ***.
En moins d’un siècle, l’espérance de vie a augmenté de 60 % , notre temps de travail a été divisé par deux, et le temps des vacances multiplié par 5 ****, ouf !
Mais où passe tout ce temps, est-ce la ville qui nous le vole ?
Si vous aimez cette newsletter, si vous souhaitez la recommander à vos proches, le lien ci-dessous va vous faire gagner quelques secondes précieuses 😉:
Est ce que la ville serait la même si l’on la pensait en temps ?
Pour tenter de répondre à cette question, il a fallu des recherches … et du temps!
J’ai découvert la conférence d’un géographe et urbaniste, Luc Gwiazdzinski, qui apporte un éclairage sur la manière dont le temps redessine la ville.
Il apporte une réflexion intéressante sur l’intégration d’une quatrième dimension a celles du plan (2 dimensions) et celle du volume : le temps. Voilà dans les grandes lignes les idées qui m’ont interpellé :
La plupart des bâtiments sont utilisés pour une seule fonction dans le temps
Cela nous ramène a la newsletter “Verticalité dans la ville” et le sujet de l’intensification des usages, proposée par Sylvain Grisot dans son livre . Il s’agit d’utiliser le temps d’inactivité d’un bâtiment pour l’affecter à un autre usage. Exemples: le restaurant universitaire qui se mute en espace de coworking à la fin du service, ou bien une discothèque en salle de sport durant la journée.
Plusieurs activités pourraient ainsi se succéder dans les bâtiments, et c’est génial. Luc Gwiazdzinski envisage même de revoir dans ce cas les signalétiques en temps réel. “On ne pourra pas se contenter d’un panneau avec une plaque émaillée” comme le dit l’auteur.
Et pourquoi pas appliquer cette idée à l’avion (s’il ne peut être évité), pour à la fois transporter des passagers et à d’autres moments du courrier? Ou encore à la voiture, pour le transport des humains mais aussi celui de marchandises, avec un covoiturage de colis ? Etc …
Des services intégrés de mobilité plus que des modes de transport
Luc Gwiadzinski propose de coordonner les différents acteurs du transport, et de ne plus penser les modes de locomotions comme des systèmes isolés, mais des éléments complémentaires d’une même chaîne. Certaines villes, comme Montpellier, le proposent déjà: vous avez la possibilité d’arriver aux abords de la ville en voiture ou en train; ensuite le tram est là pour vous amener en centre-ville. Enfin, le vélo vous conduira dans les rues sinueuses du centre historique. J’en profite pour signaler que Montpellier est la ville la plus arborée de France selon le site nosvillesvertes.fr (parmi les villes comptant plus de 200 000 habitants).
Pour illustrer cette idée de coordination des moyens de transports, l’auteur cite aussi l’anecdote d’un jour de match de football dans une ville française. Les supporters venus au stade en voiture, se garaient près des sorties, logique jusque là. Une voie ferrée toute proche restait inutilisée les jours de match, les élus invoquant une culture indépassable de la voiture. Sauf qu’en vérité, aucun train n’avait été programmé à cette heure-là pour repartir du stade. Depuis, un système de transport en train a été mis en place appelé : « En voiture avec chauffeur pour aller au stade »
La modularité de nos espaces de vie
Nos espaces de vie sont conçus pour être figés dans le temps, pour ne pas dire gravés dans le marbre. L’exemple donné est celui de la famille: on s’installe, les enfants arrivent…le temps passe… ils s’en vont. Le logement ne pourrait-il pas s’adapter également à nos cycles de vie ?
L’intelligence collective
Luc Gwiazdzinski propose de concevoir cette ville malléable en prenant en compte les temps de chacun, en sollicitant les habitants mais aussi les gens de passage, dans sa construction. Cela implique de réfléchir aussi à une égalité urbaine, par exemple en consacrant les mêmes moyens à l’aménagement d’une place en centre-ville ou en périphérie, ou en les végétalisant équitablement.
Pour conclure, je vous invite à relire la retranscription de cette conférence nommée “Quand les temps redessinent la ville” , et à vous faire vous-même une idée sur le sujet.
📖 Articles de la semaine
Les vers de terre, alliés de poids contre les inondations : Les lombrics sont avant tout connus pour leur capacité à fertiliser la terre. IIs pourraient jouer un rôle à l’échelle de la ville, en améliorant la perméabilité des sols. Les canaux qu’ils creusent faciliteraient le ruissellement et limiteraient les inondations. Des chercheurs de l’université de Rennes se sont mis en tête de les recenser, en invitant la population à les aider dans cette tâche. Un protocole a été mis en place, avec de l’eau et de la moutarde pour faire remonter les vers en surface, ainsi qu’une fiche d’identification.
Dans les zones cultivées, la population de vers de terre a chuté depuis 1950 de 2 tonnes par 200 kg par hectare. Sous le béton, les vers de terre…
La construction modulaire pour un urbanisme transitoire : La startup Agilcare est spécialisée dans l’habitat modulaire. Elle propose, dans des délais courts, des bâtiments hors-sol, sans béton et répondant aux normes environnementales en termes d’isolation et de consommation d’énergie. Ces constructions sont vendues pour changer de fonction dans le temps: par exemple, une école qui se transformerait en logements saisonniers, et qui pourrait être déplacée sans impact écologique. Dernier projet en date d’Agilcare: la construction de bureaux, à partir de 95% de matériaux bio-sourcés issus des forêts françaises.
Un atlas pour la fin du monde Une map qui s’adresse à tous les curieux qui souhaitent connaître tous les lieux dans le monde où la biodiversité est menacée. Ce projet porté par Richard Weller, architecte-paysagiste à l'université de Pennsylvanie, est un appel à contribution adressé à tous les spécialistes, architectes, urbanistes et concepteurs, professionnels ayant chacun des compétences précieuses pour la conservation de la biodiversité. Un sujet qui fait sens dans Dailygreen, l’objectif de cette map étant d’associer l’urbanisme et la sauvegarde de la biodiversité. De bonnes décisions d’urbanisme, ayant une logique de conservation, seraient une force pour le futur de la ville.
📖 Lecture
Vous connaissiez Jean-Louis Étienne pour ses expéditions polaires. Il fut le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire. Peut-être le connaissez-vous avec le Polar Pod, un vaisseau qui devrait dériver en Antarctique dans une zone de tempête, en vue de collecter des données sur le climat et la biodiversité.
Le sujet de son livre Aux arbres citoyens est plus personnel. Il y raconte son rapport aux arbres depuis son enfance et son retour sur sa terre natale. Argumenté de faits scientifiques, ce livre nous parle du système racinaire et la photosynthèse. Il raconte également l’histoire des forêts dans la construction navale. La lecture est plaisante et fluide et nous rappelle, sans conteste, l’incroyable pouvoir des arbres.
👋 A très vite !
Avant de vous quitter, merci à tous ceux qui ont relayé la newsletter Dailygreen, et avec qui j’ai échangé ces dernières semaines. Lisez des newsletters qui donnent une autre dimension au temps de lecture, il y en a sur tous les thèmes. Prenez soin de vous !
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