Bonjour à tous 👋
J’espère que cette newsletter vous trouvera toutes et tous en bonne santé.
Dernière ligne droite avant la fin de cette nouvelle année particulière. C’est presque l’heure des festivités et les illuminations déployées sont un marqueur important de cette saison, que l’on souhaiterait magique.
Moins de lumière, et l’on comprend que l’on ait besoin de prolonger le jour. Mais il semble que l’on ait exclu le ciel et les étoiles de nos nuits. 60% des européens ne distinguent plus la voie lactée*. 😲
En ce 343ème jour de l’année je vous propose de comprendre où sont passés les 234 milliards d’étoiles de la voie lactée.
Bonne lecture !
🌳 Dailygreen ?
Si vous êtes nouveau sur cette page, bienvenue👋 ! Dailygreen est une newsletter bi-mensuelle. J’y aborde la manière dont la nature inspire le futur de la ville. Je vous invite à vous inscrire si vous ne voulez manquer aucune édition.👇
Le besoin d’éclairer la ville pourrait naître de cette peur viscérale de l’Homme face à l’obscurité. Le manque de lumière devient rapidement un handicap de taille, quand elle restreint notre capacité à se déplacer et qu’elle limite nos actions. Enfants, on a probablement tous connu cette peur du noir et de tous les monstres tapis dans l’obscurité de la cave ou du grenier👺.
Pourtant, lorsqu’on s’intéresse au développement de l’éclairage public, on s’aperçoit qu’il répond moins à un besoin fondamental de sécurité, qu’à une mise en scène, une expression du pouvoir : éclairage des monuments, rivières de lumières pour les festivités, etc… L’image ci-dessous pourrait à mon sens tout à fait représenter cet état d’esprit. Ce lampadaire ne répond pas au seul besoin de guider nos pas dans la nuit mais surtout d’en « mettre plein la vue ».
35% de la lumière artificielle est gaspillée en étant mal orientée **
Selon une étude parue au mois de novembre dans le journal Nature Ecology & Evolution**, la lumière artificielle doit être désormais considérée comme toutes les autres formes de pollution environnementale. Allez soyons honnête, on le savait un peu.
On a tous pu remarquer comme il est compliqué d’observer la voie lactée, même loin des villes ( Cf. la carte ci-dessous éditée par l’association Avex). En ce qui me concerne, la dernière fois que j’ai pu observer un ciel étoilé, dénué de pollution visuelle remonte à plus de 5 ans, du côté de la Lozère.
Près d’un quart de la planète est concerné par cette pollution, et la surface des zones concernées croît de 2% chaque année. Le remplacement des ampoules par des LED à la lumière blanche et brillante (moins coûteuses) n’arrange pas la situation, bien au contraire. La première conséquence - et j’aurais envie de dire la plus visible ;-) est celle d’empêcher la contemplation du ciel. Ces lumières artificielles ont également des conséquences sur l’environnement :
Réduction de la pollinisation par les insectes, bourgeonnement et floraison précoces des arbres
Désorientation des oiseaux lors des migrations, causée par la lumière des phares en bord de mer; désorientation également des tortues de mer qui se dirigent vers les terres, en direction d’hôtels éclairés, qu’elles confondent avec le soleil de l’aube.
Dérèglement des cycles nocturnes et diurnes: les rongeurs qui sont actifs la nuit le sont sur une période plus courte; les oiseaux se mettent à chanter plus tôt le matin…
Cet éclairage est aussi suspecté d’avoir un impact sur le corps humain:
Altération de la mélatonine, hormone du sommeil, du vieillissement et de la reproduction
Facteur aggravant dans le développement de tumeurs et de cancers.
Une simple ampoule est visible à des dizaines de kilomètres.
On comprend mieux la gravité du problème, et déjà des acteurs s’activent pour répondre à cette problématique. Continuons…
💡 Une idée !
Glowee, c’est la mer qui nous éclaire : l’idée de cette startup est de produire de la lumière sans utiliser d’énergie électrique. Et la bonne nouvelle, c’est que ce phénomène existe déjà dans la nature sous le nom de bioluminescente : une réaction chimique au cours de laquelle l’énergie chimique est convertie en énergie lumineuse.
Partant du constat que 80% des espèces marines sont capables d’émettre cette lumière, la fondatrice Sandra Rey et son équipe cultivent, en laboratoire, des bactéries marines luminescentes. Une fois ces bactéries sélectionnées, elles sont placées dans un aquarium rempli d’eau de mer alimenté par un flux d’air. Une réaction chimique va alors se produire, permettant aux bactéries d’émettre une lumière douce et bleutée.
Aujourd’hui Glowee travaille sur deux produits : des salles de relaxation, destinés au marché du bien-être et l’implantation de bactéries lumineuses dans le mobilier urbain de la ville de Rambouillet. A suivre… il est possible que nos villes soient un jour éclairées par des bactéries…
🎥 Une vue sur…
Avril 2020, nous sommes tous confinés et chacun de nous a l’autorisation de sortir s’oxygéner une heure par jour. Pourtant les 11 millions de lampadaires en France continuent à éclairer des rues vides. C’est à ce moment là que Corentin Kimeneau décide de diffuser “Où sont passées les lucioles”, une vidéo de 59 minutes 42.
Trois ans de travail auront été nécessaires pour auto-produire ce documentaire. Entouré de spécialistes, le réalisateur questionne notre rapport à la lumière non seulement dans les villes, mais aussi dans les campagnes. Les effets délétères que génère l’utilisation excessive de cette lumière “perdue” sont abordés. Pour n’en citer qu’un : le nombre vertigineux d’insectes mourant chaque jour … uniquement à cause des lampadaires (11 millions de lampadaires, chacun étant à l’origine de la mort de 150 insectes = 1 650 000 000 insectes tués chaque jour en France). Avec des effets en cascade: impact sur la pollinisation, l’équilibre des éco-systèmes, etc…
Des solutions efficaces existent: elles sont sources d’économies et même créatrices de richesse avec un exemple parmi d’autres les “réserves de ciels étoilés”.
La question n’est bien sûr pas d’éteindre toutes les lumières, mais de réfléchir à leur usage dans l’espace public. Je vous recommande vivement ce documentaire… Allons voir ça !
🎧 Une écoute
Greentech Stories : J’avais déjà évoqué “Urban Canopée” comme d’une entreprise à suivre, dans une précédente newsletter (L’ air/ère de la ville végétalisée) . Cette fois-ci, je vous invite à écouter l’interview de son fondateur Hubert Michaudet.
Urban Canopée conçoit d’ énormes mobiles en forme de fleurs. Ces structures en matériaux composites et autonomes en énergie apportent une réponse aux problématiques des îlots de chaleur, de la pollution de l’air, et du manque de biodiversité dans les villes. Intéressant de suivre la genèse de ce projet, de comprendre l’importance de savoir s’entourer d’experts, et de très vite se confronter à ses futurs clients.
Depuis cette interview , la start-up a levé 1,7M€ auprès de BTP Capital Investissement et de la Banque des Territoires.
📖 Les lectures
🦎 Quand la nature inspire l’innovation et le monde d’après : Cette semaine et jusqu’au 11 décembre, retrouvez Biomim’expo Week Digital, un évènement en ligne sur le biomimétisme et des innovations bio-inspirées.
🌳 Ideas inspired by nature could change the way our towns and cities look L’artiste hollandais Roosegaarde et son studio de création a développé une encre biologique lumineuse. Son idée est d’en recouvrir les arbres, tout les préservant, laisser l’encre se recharger la journée et éclairer les rues la nuit, à suivre…
👋 A très vite !
Avant de vous quitter, merci à tous ceux qui ont relayé la newsletter Dailygreen, et avec qui j’ai échangé ces dernières semaines.
Une dernière chose, la pollution lumineuse restent une des seules pollutions que l’on pourrait stopper presque d’un claquement de doigt, il suffit d’éteindre la lumière. Alors levez les yeux au ciel et si aucune étoile n’est visible, contactez votre municipalité. Beaucoup d’entre elles ont pris des dispositions et ça marche !!
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