Je suis ravi de vous retrouver pour la 78 édition, ce vendredi 14 juin.
Vous découvrez Daily Green ? Je publie cette newsletter depuis 2020, à la sortie du premier confinement. Nous avons plus que jamais manqué de nature lorsque l’on habite en ville. Depuis, toutes les deux semaines, je vous envoie des nouvelles de la nature en ville pour répondre à nos enjeux urbains.
Pour découvrir les précédentes éditions, je vous invite à vous rendre ici même. Si vous souhaitez la recevoir, elle est entièrement gratuite et soutenue par vous, lecteurs.
Cette semaine, j’ai le plaisir d’accueillir Damien Butin pour discuter de la sortie de son livre “Politique paysagère, pour une ville verte et durable”.
Et pour la première fois, sur Daily Green, on aborde le thème de la nature en ville et plus précisément de la notion de “Grand Paysage” en tant qu’objet de politique publique.
Un échange riche en enseignements pour comprendre comment le paysage devrait imprégner toutes les strates des politiques publiques afin de répondre à nos enjeux actuels : le changement climatique, la chute de la biodiversité, la santé publique, la cohésion sociale, etc.
Nous avons également abordé son travail d’écriture, réalisé en étroite collaboration avec sa maison d’édition.
Voici quelques points-clés abordés dans cet échange :
Aménager les territoires en intégrant le paysage et la biodiversité comme principes fondateurs.
La méthode d’analyse du "grand paysage" pour développer une vision d'ensemble, guider les choix stratégiques, et soutenir un développement territorial cohérent.
La propreté d'un espace vert doit être évaluée par le confort et la biodiversité qu'il offre plutôt que par son aspect esthétique.
La renaturation rassemble des visions plurielles et évolutives et renvoie à l’idée générale du retour à l’état naturel ou semi-naturel d’écosystèmes ayant subi des dégradations.
Construire et recycler la ville au XXIe siècle nécessite l'implication des citoyens. Ils ne sont plus de simples consommateurs de l'espace mais deviennent décideurs et parfois maîtres d'œuvre.
De nombreuses études épidémiologiques montrent que les espaces verts urbains sont associés à une meilleure santé.
Vous êtes prêts ? Alors bonne lecture !!
Bonjour Damien, pourrais-tu te présenter ?
Je suis Damien Butin, ingénieur paysagiste de formation. Passionné par le paysage et la nature, j’ai passé le concours d’entrée à l’école d’ingénieur du paysage de Lille. Après un cycle prépa, j’ai intégré le cycle ingénieur avant d’être diplômé en 2008.
Cela fait désormais 15 ans que je travaille dans le service public où j’ai occupé différents postes à responsabilités. J’ai commencé en tant que chef de service en charge de l’aménagement du paysage à la ville de Bordeaux avec la mission singulière de piloter l’aménagement paysager des quais de la rive droite (Parc aux Angéliques - 40ha).
En 2016, j’ai ensuite intégré la métropole de Bordeaux où j’ai eu plusieurs postes de responsable de service. J’ai conduit, en fil rouge, la charge du bureau d’études paysage et s’est ajoutée notamment la responsabilité des services techniques de la direction des espaces verts avec des équipes variées, allant des grands terrassements, en passant par des équipes de travaux et de plantations, jusqu’à des équipes de menuisiers ou métalliers par exemple.
En 2019, j’ai évolué au poste de directeur adjoint de la direction des espaces verts de Bordeaux Métropole, avant de prendre la tête de la direction stratégie et maîtrise d’ouvrage du patrimoine naturel depuis 2022 qui a en charge les services gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI), arbre, nature en ville et expertise et aménagement du paysage.
Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans la rédaction de ce livre ?
La maison Berger-Levrault est venue à moi pour me proposer ce projet qui consistait en première intention à partager des éléments de méthodes, des outils duplicables et du contenu technique dans le but d’accompagner les maîtres d’ouvrage à développer un projet d’aménagement paysager spécialement avec les contraintes que peut imposer l’espace public.
A partir de cette donnée d’entrée, il a été possible d’ouvrir la réflexion, pour donner du sens et une justification au besoin de concevoir un aménagement paysager. Il a été proposé d’abord de raisonner à l’échelle macro, c’est-à-dire à l’échelle d’une conurbation (il se définit comme un espace habitable de la surface terrestre. Il est donc un synonyme de territoire ou d’agglomération) afin d’objectiver ses forces et ses faiblesses au travers du « grand paysage » grâce notamment à l’élaboration d’un plan paysage et écologie.
L’objectif étant de dégager les enjeux de cet œkoumène (s’agissant du mot conurbation, il se caractérise comme un grand ensemble urbain formé par plusieurs villes rapprochées. On peut là aussi faire l’analogie avec la notion de l’agglomération.) de référence pour ensuite proposer un plan d’actions. Ce dernier répondant à des objectifs pluriels selon ses différentes unités paysagères identifiées : le paysage de l’habitat, le paysage des infrastructures, le paysage agricole, …
De ces enjeux par unités paysagères, se sont déclinés des exemples d’actions, plus ou moins structurants, qui ont été hiérarchisés à partir de critères paysagers et écologiques. Cette hiérarchisation permet ainsi d’organiser la mise en œuvre d’un projet de territoire dans le temps, dans l’espace et selon des considérations financières, juridiques, techniques mais aussi de capacité à faire.
Puis, il a été convenu d’extraire, à titre d’exemple, une action du plan d’actions, qui se caractérise dans l’unité paysagère « paysage de l’habitat », par la transformation d’une friche industrielle en un parc naturel selon les principes de la renaturation.
Cette déclinaison permet donc ensuite de traiter de façon micro un élément constitutif du plan d’actions en rentrant dans des considérations beaucoup plus techniques et opérationnelles. L’objectif est non pas de réécrire le fascicule 35 notamment, qui est la bible pour réaliser un aménagement paysager, mais plutôt avec le souhait de sensibiliser, de partager des alertes et du contenu technique sur des sujets qui comportent des enjeux forts dont le sol (sur le plan agronomique, de la pollution…), les plantes [choix des végétaux dans un contexte de changement climatique (sécheresse, îlots de chaleur, …] ou encore la chute de la biodiversité,… tout en inscrivant ces connaissances dans un processus méthodologique avec le souhait d’être pédagogue et efficient.
Peux-tu nous parler du processus d’écriture de ce livre ?
Sur le plan méthodologique, après avoir construit et stabilisé avec la maison d’édition l’orientation donnée au contenu de l’ouvrage et l’avoir décliné par mes soins au travers d’un plan, il a été possible de se lancer dans la rédaction.
Ce prélude constitue un temps important pour mâturer la réflexion, trouver les bons angles d’attaque, construire les articulations entre les différentes parties, s’assurer d’une cohérence fluide et susciter l’envie du lecteur. Par ailleurs, j’ai également fait face à des tests d’écriture pour obtenir le bon ton et le bon style, afin de respecter les attendus de la collection dans laquelle le livre va paraître. C’est également l’enseignement des règles de rédaction et de structuration des propos qui sont codifiés selon l'ADN de la maison d'édition.
Puis, j’ai remis à la maison d’édition le contenu de chacune des grandes parties constitutives du l’ouvrage pour relecture. S’en est suivi un travail itératif permettant de s’interroger, de consolider les idées ou parties pris, et de faire les ajustements à partir d’un regard extérieur et objectif d’une tiers personne qui évalue la pertinence des éléments avancés, leur bonne compréhension par le plus grand nombre,….
La rédaction de l’ouvrage est un processus demandant un véritable investissement, spécialement lorsque nous avons en parallèle une activité professionnelle notamment. Ce sont des nuits, des week-ends et des vacances consacrées à la rédaction.
À quel public s'adresse-t-il et quel est son objectif ?
Sa vocation est d’essayer de pouvoir alerter, sensibiliser et changer les regards en ne considérant pas le sujet du paysage comme un objet banal, que l’on regarde comme un seul décor, qui accompagne les interstices de l’aménagement du territoire.
Le paysage est une notion complexe, qui rassemble des visions et des disciplines plurielles sur les plans patrimoniaux, conceptuels, techniques, de la biodiversité,…. Il participe à faire la ville et encore plus au XXI ème siècle à rendre la vie en ville possible, compte tenu des basculements nombreux auxquels nous faisons face et pour lesquels nos territoires doivent être autant agiles que résilients.
Nous voyons d’ailleurs ô combien ces espaces verts, que nous désignons parfois vulgairement, sont de véritables écosystèmes de vie et de bien-être, mais aussi de véritables espaces qui ancrent notre patrimoine paysager, notre identité en plus d’être source de production et donc d’alimentation.
Aussi, par des outils qui sont notamment à la main des décideurs publics, il est possible de penser l’aménagement du territoire d’une autre façon en faisant du paysage et de la biodiversité un principe fondateur pour bâtir des projets de territoire que les professionnels du paysage et de l’aménagement peuvent accompagner et décliner.
Conduire un projet de territoire par le paysage et l’écologie c’est dessiner une trajectoire commune pour les diverses politiques sectorielles de façon à ce que les objectifs convergent et se fassent écho.
Aussi, l’aménagement des œkoumènes répond à des équilibres que la réglementation urbanistique pousse également à trouver, pour que les conurbations se recyclent sur elles-mêmes et s’émancipent en se développant de façon plus sûre, vivable et durable pour répondre et concilier les enjeux à la fois multiplies et parfois contradictoires.
Aussi, cet ouvrage s’adresse tant à des élus, qu’aux maîtres d’ouvrages professionnels du paysage et de l’aménagement de l’espace public qu’aux étudiants paysagistes.
“…il est possible de penser l’aménagement du territoire d’une autre façon en faisant du paysage et de la biodiversité un principe fondateur pour bâtir des projets de territoire…”
Le “grand paysage”, de quoi s’agit-il ?
On comprend donc que plutôt de travailler de façon dispersée et localisée à l’échelle d’un territoire, en menant une batterie d’actions qui ne répondent à aucune une stratégie supra, cela manque de sens et est une source d’erreurs souvent irréversibles.
Aussi, pour être pertinent dans les choix et partis pris, à l’échelle micro, il faut d’abord avoir bâti une vision d’ensemble qui fonde notre stratégie et son déploiement dans le temps. C’est dans ce contexte que l’on parle de « grand paysage ».
Le résultat de cette approche va également constituer un outil cadre permettant une clé de lecture qui sera compréhensible par tous (administration et administrés) et qui mettra en relief les enjeux et les interactions entre politiques publiques.
Il dessinera les objectifs à atteindre pour les différents porteurs de politiques publiques à court, moyen et long terme afin de préserver la qualité du paysage et la biodiversité et ainsi envisager le développement territorial sans dévisager ce qui fait nos atouts, notre richesse et notre patrimoine mais également qui participe à notre « survie ».
Les enjeux sont-ils réellement compris et quels sont les obstacles actuels qui ralentissent ce processus ?
Les basculements, notre exposition et notre vulnérabilité occasionnent des événements parfois dramatiques que les canicules ou les inondations nous imposent à l’échelle des territoires et que nous vivons frontalement sont des faits concrets qui poussent les décideurs publics et les professionnels à prendre conscience de la nécessité d’envisager l’aménagement du territoire de façon différente, en changeant de paradigmes et en opérant des changements de pratiques.
Ces évolutions se traduisent déjà au niveau européen avec par exemple la loi sur la restauration de la nature ou encore une réglementation nationale relative à la loi ZAN du 20 juillet 2023 qui permet de renforcer l'accompagnement des élus locaux dans la mise en œuvre de la lutte contre l'artificialisation des sols. On retrouve des outils au niveau national avec le plan de renaturation des villes et villages, d’un fonds vert, ... ou encore des labels bas carbone, ville arborée, … Ces outils nourrissent par ailleurs le projet de plan national d’adaptation au changement climatique qui a vocation à rentrer en consultation durant cet été 2024.
Si une dynamique se met en place, il reste ensuite au maitre d’ouvrage et aux partenaires techniques (études et travaux) à changer de méthodes et d’itinéraires techniques. Cela passe également par la formation pour certains et par la mobilisation de compétences nouvelles où les paysagistes, écologues, naturalistes,… doivent être davantage sollicités pour penser et recycler les territoires.
“C’est également développer davantage de transversalité et de complémentarité entre les diverses compétences des acteurs qui font la ville en les fédérant autour d’objectifs et d’actions communs.”
Enfin c’est aussi, le travail de pédagogie, d’accompagnement au changement des élus et des habitants mais également leur implication qui permettra de continuer à favoriser les prises de conscience et la compréhension des nouveaux paysages et plus globalement du rapport au paysage. En effet, par exemple, la propreté d’un ensemble vert doit être davantage appréhendée par le confort et la biodiversité qu’il comporte plutôt que par le « beau » et la propreté, répondant à une fonction uniquement d’un tableau artistique, sophistiqué, que l’on contemple.
C’est également faire comprendre collectivement l’intérêt de travailler les projets dans des logiques transitoires, car les projets sont souvent longs à mettre en place dans l’espace public, dans le but de recréer progressivement des écosystèmes vivants, notamment régénérer les sols, souvent pollués en ville, qui sont à la fois le support d’ancrage et le lieu de vie du végétal par exemple. C’est aussi un excellent capteur de carbone ou encore une composante du paysage qui répond au concept de la ville éponge…
C’est également la nécessité de faire comprendre l’intérêt de s’appuyer sur la « technologie végétal » en respectant ses cycles biologiques pour travailler pour et avec la nature afin qu’elle nous offre toutes ses fonctions et services écosystémiques afin d’atténuer nos impacts tout en nous apportant le confort et la résilience dont nous avons besoin face aux événements climatiques par exemple.
Peux-tu nous expliquer le concept de renaturation et son importance dans la création de parcs naturels urbains ?
Sous les effets marquants du changement climatique engageant des enjeux de sécurité publique et face à un déclin de la biodiversité, l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) est la pierre angulaire de la maîtrise de l’urbanisation et de la renaturation des villes.
Deux axes qui sont autant incontournables que complémentaires dans la « recycle » (construction sur elle-même) de la ville.
Nous faisons le constat que nos villes foisonnent de larges espaces aseptisés que le béton et l’enrobé ont colonisés au détriment de la nature.
Ces espaces se sont généreusement installés alors qu’ils pourraient être gommés au profit de la réappropriation de la nature. Ce processus de réappropriation permettrait d’ouvrir et de connecter les espaces de nature ensemble selon une matrice urbaine que cadre la trame verte bleue, brune, etc., par exemple.
Cette vision traduit le concept de renaturation qui est un terme qui a fait sa place dans le contexte de crises que nous venons de préciser mais qui ne renvoie pas à une seule et unique définition.
“La « renaturation » est un terme qui rassemble des visions plurielles dont les approches sont évolutives. On peut le qualifier de concept « tiroir » qui renvoie à l’idée générale d’un retour à l’état naturel ou semi-naturel des écosystèmes qui ont subi des dégradations.”
En somme, la renaturation a pour objectif de faire avec la nature, souvent en la laissant agir par elle-même en se reposant sur une logique de régénération naturelle et de solutions fondées sur la nature. Aussi la stratégie du « laisser faire », est finalement la stratégie gagnante.
Pour atteindre cet objectif, les politiques et les habitants doivent être tolérants et accepter que l’offre verte ne peut répondre de façon immédiate aux perspectives attendues du projet. Cette méthode est une autre limite qui peut être également une réponse à la précédente question. Pour ce faire, le compromis s’impose souvent, en aidant la nature.
Toutefois, ce temps de maturation du paysage est une formidable occasion pour observer, respecter et éduquer à l’environnement par le respect des cycliques biologiques qui sont gages d’une plus grande résistance et résilience des projets paysagers et donc du territoire face aux événements.
Retenons que nos paysages français qui font notre identité et son charme sont les résultats du temps qui a façonné les toiles de fond de nos vies qui ont participé à ce nous sommes. Le temps est père de vérité comme nous le rappelait Rabelais.
Quel rôle les citoyens peuvent jouer dans la renaturation de leurs quartiers et villes ?
Les citoyens peuvent jouer des rôles variés à différents niveaux de la vie ou de la construction du projet comme je le précise au sein de l’ouvrage au travers de leur implication dans des différents dispositifs : concertations, consultations, maison du paysage et de l’écologie, comité du paysage et de l’écologie, … ou chaque citoyen ou encore groupes au travers des associations sont parties prenantes, moyennant une organisation et des compétences qui permettent d’accompagner efficacement l’expression du citoyen.
“Construire la ville et la recycler au XXIème siècle, passe par une implication du citoyen qui n’est plus qu’un consommateur de l’espace mais également à la fois un décideur et parfois un maître d’œuvre.”
Pour ce faire il convient de l’aider à s’acculturer et s’organiser pour comprendre et prendre conscience des enjeux dans le but de partager un socle commun, un même référentiel avec les décideurs publics permettant ainsi de comprendre le contexte dans lequel nous évoluons. Cette démarche ne doit pas pour autant lisser la diversité des visions et des attentes pour nourrir et esquisser le contenu des projets.
Les citoyens vont vivre l’espace et il est nécessaire qu’ils participent à le penser de façon à ce qu’ils se l’approprient, le respectent et l’accompagnent dans son évolution. C’est aussi leur donner des responsabilités dans l’animation permettant également de renforcer le lien social au travers des jardins collectifs par exemple ou encore en les missionnant comme gestionnaire de l’espace au travers d’associations ad’hoc. Ce concept est déjà en vigueur notamment avec le jardin de Prinzessinnengarten à Berlin.
Comment les décideurs publics peuvent-ils intégrer la biodiversité dans toute leur intervention ?
Cette question est finalement un des sujets centraux du livre. Tout décideur public a pour vocation première de construire, animer et développer le territoire. Pour ce faire, il se repose sur des politiques sectorielles qui fixent les objectifs et qui sont ensuite déclinées par les maîtres d’ouvrage et ou des aménageurs privés.
Aussi, il existe en plus de la réglementation portée par les services de l’Etat au travers par exemple de la séquence « Eviter, Réduire, compenser », qui est une façon de créer un point dur dans la réflexion autour de l’élaboration d’un projet, il existe aussi des outils réglementaires de planification urbaine qui sont déjà des leviers en amont de tout projet pour orienter la stratégie de développement territorial. On connaît communément les PLU(i) et les PLU. Ces outils sont par ailleurs enrichis par des textes de loi dont celle relative à la restauration de la nature voté en 2023. Cette loi vise l’objectif de de restaurer 30 % des surfaces terrestres et marines dégradées d’ici à 2030.
Outre ces outils réglementaires, il existe également des outils qui sont à la main des élus. En effet, La Convention européenne du paysage du Conseil de l'Europe, adoptée le 20 octobre 2000, à Florence par 29 États-membres est un traité du Conseil de l’Europe, issu d'une initiative du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe, visant à mieux prendre en compte et protéger les paysages.
Pour ce faire il est possible de mobiliser l’instrument qu’est le plan du paysage au niveau national. Il s’agit d’une démarche volontaire facilitant l’élaboration du projet de territoire des décideurs publics en retenant le paysage comme une élément fondateur et fédérateur.
Cet instrument a une portée stratégique qui par ailleurs implique tous les acteurs d’un territoire et qui peut être soutenu financièrement par l’état. Ce plan prend en compte des dimensions écologiques que je propose de renforcer au sein de l’ouvrage, c’est la raison pour laquelle je parle de plan paysage et écologie (PPE) dans le livre.
Il me semble important que ces dimensions dialoguent et soient appréhendées comme un système monolithique. Leurs relations sont interdépendantes et il me semble adapté de les appréhender comme un tout, pour un projet de territoire bien calibré.
“Pour ce faire, c’est l’occasion d’initier la création ou de s’appuyer sur l’atlas de la biodiversité ou encore de mobiliser les outils mis au point par le Muséum d’Histoire Naturelle (Indice de potentialité écologique / Indice de qualité écologique).”
Aussi, par ce tandem il est possible de construire un projet de territoire où le paysage et la biodiversité constituent les entrants au développement d’un œkoumène. Le fruit de cette réflexion pourra fonder les différentes politiques publiques, permettant ainsi de les fédérer pour d’abord respecter nos paysages et la biodiversité mais également pour guider de façon juste et cohérente la transformation de la morphologie urbaine respectant des objectifs de trames verte, bleue, brune, …
Une fois cette réflexion menée, c’est-à-dire à l’échelle Macro, celle du « grand paysage », le plan d’action qui en résulte permet une déclinaison projet par projet, à l’échelle micro, qui interroge de façon fine et dans le souci de la réglementation ces deux composantes avec la finalité de produire un espace.
La santé publique est un enjeu très fort, en quoi le réaménagement paysager peut-il favoriser son amélioration ?
Il convient de spécifier que de plus en plus d’études épidémiologiques montrent que les espaces verts urbains sont associés à une meilleure santé, notamment à une meilleure santé mentale, et à une baisse de mortalité cardio-vasculaire, d’obésité et de diabète.
Aussi, outre le fait de développer des structures vertes dans l’espace public qui vont renforcer ou être des vecteurs d’une santé plus favorable pour les habitants, il est à noter que ces mêmes paysages vont participer à apporter d’autres réponses positives pour la santé de tous en luttant contre les îlots de chaleur, en améliorant la qualité de l’air, … par exemple
C’est aussi lutter contre les inondations par le principe de la ville éponge et préserver notre biodiversité qui est à la base des équilibres de nos écosystèmes.
Effectivement, leur richesse lutte contre le développement de pathologie.
“A titre d’exemple le pic de paludisme, constaté dans certaines régions du globe ces dernières années, est lié selon les études à la disparition des grenouilles et d'autres amphibiens.”
Quelles sont les opportunités qui s’offrent au marché du paysage ?
On comprend au travers de cet échange que le paysage est un déterminant dans la transformation et la composition des territoires de demain.
Les paysagistes n’ont plus le rôle qui pouvait être le leur en marge de l’aménagement des territoires relégués davantage au rôle de contributeur pour « faire du beau » face à des urbanistes et aménageurs qui ont eu tendance à bétonner les villes dans un contexte favorable à cette pratique au XIXème siècle.
Au siècle actuel, les paysagistes-urbanistes ainsi que les ingénieurs paysagistes ont peut-être davantage de légitimité pour participer à penser et fabriquer la ville verte et durable, avec l’idée non pas de s’opposer avec les autres compétences de l’espace public, mais plutôt de co-construire à partir d’équipes pluridisciplinaires.
As-tu un projet en tête qui reflète la direction que l’on se doit de donner à nos actions ?
J’ai plusieurs sujets en tête, mais le constat que je fais de façon plus globale en France notamment, est que les projets de territoires se réajustent par les décideurs publics et par conséquent de nombreuses initiatives parfois expérimentales naissent et nous enrichissent collectivement par le partage de retour d’expérience, alimenté également par des organismes moteurs tels que le CEREMA, Plante & Cité, IdealCo,…
Cette prise de conscience est générale et le changement de trajectoire est amorcé notamment à l’échelle des métropoles qui captent toujours plus d’habitants mais qui concentrent les enjeux prégnants des changements et donc une grande partie des problématiques présentées.
Comment vas-tu accompagner la sortie de ce livre ?
Tout d’abord la presse est informée de la publication grâce à la transmission d’un communiqué de presse. Aussi, plusieurs dizaines journalistes professionnels et grand public sont informés. Cet envoi est assuré par la maison d’édition et complété par mes soins.
Ensuite, je suis en contact avec certaines personnes qui jouent le rôle d’ambassadeurs afin de faire connaitre l’ouvrage. Je suis également en lien avec des élus, des libraires dans lesquels il est prévu que j’intervienne. Il est également, prévu que je sois impliqué dans des colloques, des tables rondes ou autres événements.
Quelle est ton actualité ?
Je suis invité à participer, en juin, à un symposium en Suède, sur le sujet de la transformation et la gestion de l’espace public.
Nous savons que les pays scandinaves ont des compétences certaines dans l’aménagement de l’espace public et sont souvent objet de référence, tant dans le concept de transformation urbaine que dans certaines techniques avancées telle que la fosse de Stockholm.
Nous sommes plusieurs professionnels aux compétences variées qui viennent d’Europe et nous allons partager nos expériences pour nous enrichir, développer des partenariats et envisager de nouvelles expérimentations. Ces temps sont toujours très riches et stimulants.
A cette occasion, je serai également amené à présenter mon livre, « politique paysagère, pour une ville verte et durable » qui a été publié le 30 mai 2024.
Merci Damien d’avoir participé à cette édition !
Vous pouvez retrouver Damien Butin sur Linkedin ou le contacter directement sur son email d.butin@yahoo.fr. Son livre Politique paysagère, pour une ville verte et durable est disponible à cette adresse.
N’hésitez pas à nous faire des retours en commentaire.
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