Bienvenue Sur Daily Green! Le vendredi, toutes les deux semaines, retrouvez un cocktail d’initiatives et de solutions basées sur la nature pour répondre aux enjeux urbains, le tout dans votre boite email !
C’est officiel, 80% de la surface des toitures en ville est désormais végétalisée. Quand on sait que les toitures représentent 32% de la surface horizontale des villes, on peut se féliciter d’avoir trouvé des solutions concrètes pour combler ces espaces vacants en contribuant au retour de la nature.
Les habitants des derniers étages peuvent maintenant apprécier ce parterre végétal qui couvre les sommets des tours, immeubles et ainsi suivre le cours des saisons en observant les cycles de vie des jardins partagés. Les Rooftops sont investis et s’arrachent à prix fort. Les grands groupes veulent tous leur espace végétalisé pour alimenter leur restaurant d’entreprise et fournir à leurs salariés du miel atypique des hauteurs des grandes villes.
Cette année on a pu observer les premières terrasses modulables et végétalisées sur les toits des immeubles hausmanniens.
Des projets de plantations d’arbres voient le jour. Une nouvelle essence “génétiquement modifiée” permettrait de pousser dans de tout petites surfaces de terre (de quoi clairement hérisser les cheveux des dendrologues). Et déjà on parle de forêts urbaines pour augmenter le couvert forestier en ville.
Les start-ups ont senti venir la tendance. Ce sont désormais des drones que l’on peut voir parcourir le ciel des villes, pour superviser les toitures végétales, analyser les substrats, vérifier l’étanchéité, répertorier les problématiques et nous alerter si besoin. Les livreurs à vélos sillonnent les villes pour la livraison de légumes frais, fleurs comestibles et aromates désormais labellisés BioCity…
Nous sommes en février 2022, il n’y a rien de tout ça, mais une chose est sûre, c’est qu’il faudra compter sur les toits pour accueillir la nature en ville dans le tur-fu 😉 !
Bonne lecture
Cette semaine, j’ai le plaisir d’accueillir Sophie Rousset-Rouvière pour une tribune sur la biodiversité sur les toits. Déléguée générale de l’Adivet, avec l'association des toitures et façades végétales, Sophie promeut la végétalisation du bâti, tout en œuvrant pour la mise en place et la diffusion des règles de l'art afin d'en assurer la qualité et la pérennité.
“ Les toitures et terrasses végétalisées de nos villes peuvent accueillir une véritable biodiversité. Et quand on dit « biodiversité », on inclut la flore (plantée et spontanée), la faune (y compris les insectes et les araignées), les micro-organismes du sol (bactéries, champignons, etc.) et les interactions entre ces trois groupes d’êtres vivants, sans oublier celles avec leur environnement – parcs, rues plantées d’arbres, etc. Dans des villes de plus en plus denses, dans un monde où l’érosion de la biodiversité est croissante, c’est une bonne nouvelle, sachant que près de 70 % de la population mondiale devrait vivre en ville d’ici 2050.
Côté flore, l’homme peut concevoir volontairement une toiture végétalisée biodiverse en travaillant sur la composition du substrat et de la palette végétale. Mais le rôle de la toiture végétalisée ne s’arrête pas là : elle offre également un espace que les espèces spontanées vont pouvoir massivement investir, comme l’a montré l’étude Grooves, publié en 2021. Celle-ci, portant sur une trentaine de toitures d’Île-de-France, a comptabilisé qu’environ 70 % des espèces floristiques présentes en toiture n’avaient pas été plantées, certaines étant des représentantes d’espèces rares ou menacées. Ces travaux de recherche font suite à ceux du Muséum National d’Histoire Naturelle publiés en 2014 qui observaient la même tendance sur plus de cent toitures de la moitié Nord de la France.
Côté faune, les résultats sont aussi positifs. Lieux préservés, les toitures représentent des espaces propices pour accueillir les oiseaux, les chauves-souris ou les insectes, dont les pollinisateurs si utiles à la diversité de notre alimentation. La LPO souligne l’importance de la présence en ville de ces toitures végétalisées qui offrent aux oiseaux un lieu temporaire ou pour s’établir. L’étude Grooves a également montré l’importance et la diversité des invertébrés en toiture : 611 espèces différentes ont été observées. Enfin, dans le support de culture des toitures végétalisées, on trouve toute une population de micro-organismes, suffisamment diversifiés et nombreux pour ce « techno-sol » soit fonctionnel, comme l’ont montré des études menées par AgroParisTech. Les projets d’agriculture urbaine en toiture, de plus en plus nombreux, présentent d’ailleurs des techno-sols avec une belle diversité d’organismes.
La recette d’une toiture végétalisée ou d’une toiture jardin optimale pour la biodiversité ? Plusieurs paramètres sont à prendre en compte : faire un état des lieux pour savoir de quoi l’on part, se fixer des objectifs précis en termes de biodiversité, miser sur une certaine épaisseur de substrat (entre 15 et 30 cm, avec des variations d’épaisseurs pour créer des habitats diversifiés) ainsi que sur sa composition afin de pouvoir installer – et laisser s’installer – une palette végétale variée et présentant plusieurs strates (mousses et couvre-sols, herbacées, arbustives), favoriser et/ou ajouter des habitats pour la faune (bois mort, brique, gravières, sable, nichoirs, etc.). Ainsi, le bâti peut-il participer à la renaturation, accueillir une réelle biodiversité en ville et, si le lien peut être fait avec d’autres espaces naturels, s’intégrer à la trame verte.
Comment évaluer la performance des toitures végétalisées en termes de biodiversité ? Le coefficient biotope par surface définit la part de surface éco-aménagée sur la surface totale d’une parcelle. Le CBS de Berlin attribue un coefficient de 0,7 à la toiture végétalisée (vs 1 pour un espace vert en pleine terre).L’Adivet, l’association des toitures et façades végétales, travaille sur un CBS spécifique aux toitures végétalisées et aux terrasses jardins qui permettra une appréciation plus fine en fonction des typologies de toits végétalisés. Quoiqu’il en soit, la végétalisation du bâti joue bien un rôle quant à la réintégration de la nature en ville et donc en faveur de la biodiversité.
De quoi inspirer toute la chaîne de décision, des donneurs d’ordre et architectes aux exploitants de ces écosystèmes urbains ! "
_Sophie Rousset-Rouvière.
Pour en savoir plus sur le travail de l’Adivet, ➟ rendez-vous sur le site.
C’est tout pour cette semaine, merci Sophie pour ta participation !
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