Bienvenue sur la #69e édition de Daily Green. La première de cette nouvelle année. Merci de nous rejoindre et bienvenue aux nouveaux abonnés !
Je suis Hicham, j’écris Daily Green et je vous parle toutes les deux semaines des bénéfices de la nature dans nos espaces urbains. C’est aussi un carnet de bord sur l’entrepreneuriat à impact. Ne vous étonnez pas si l’on parle également de Tech, de business.
Vous pouvez me rejoindre sur Linkedin, Instagram. Je suis également le fondateur de 420 arbres. Nous identifions les îlots de chaleur de nos villes et nous proposons des plans de végétalisation adaptées en vue de rafraîchir nos lieux de vie et de travail.
Passons tout de suite au premier sujet, bonne lecture !!
Le syndrome de manque de nature ?
En 2005, le journaliste et auteur américain Richard Louv publie le résultat d’une longue enquête dans le livre : Last Child in the Woods (Le dernier enfant dans les bois).
L’auteur développe le concept de “nature-deficit disorder” que l’on traduirait par le syndrome de manque de nature. Il y désigne les symptômes et l’impact direct que ce manque de nature aurait sur les enfants des villes : moins de confiance en soi, compétences physiques et mentales réduites, et l’augmentation de la fréquence de pathologies telles que l’obésité.
Le long du livre, Louv combine des anecdotes personnelles, études de cas et des résultats de recherche, pour démontrer l'importance de reconnecter les enfants avec la nature.
L’auteur y décrit également les coûts humains de l'aliénation par rapport à la nature, non comme un diagnostic médical, mais comme le moyen d’ouvrir un débat sur un problème urgent dont beaucoup d'entre nous perçoivent l’évolution, mais n’en mesurent pas tellement la teneur et les effets.
Avec le temps, le terme “nature-deficit disorder” a pris de l'ampleur. D’après Richard Louv il est aujourd’hui le cri de ralliement d'un mouvement international visant à reconnecter les enfants au reste de la nature. Depuis, son organisation Children & Nature Network s'est étendu pour inclure les adultes et les communautés entières.
L'urbanisation et le repli vers l'intérieur de nos espaces de vie (d’ailleurs, on pourrait l’envisager au sens propre comme au sens figuré) ne datent pas d’hier. Ce sont les grands changements sociaux et l’avènement de la technologie sur les trois dernières décennies qui ont accéléré notre déconnexion avec la nature.
Voilà quelques raisons évoquées :
Le manque d’activité et la sédentarité : 80% de notre temps, nous le passons dans les bâtiments dans des espaces clos ou semis clos (ecologie.gouv.fr).
Virtualisation de notre monde et temps passé devant les écrans : les enfants des pays occidentaux passent près de 3 heures devant des écrans dès l'âge de 2 ans, atteignant près de 6 heures 45 entre 13 et 18 ans (Etude Esteban 2015).
La planification et l’aménagement urbain déficients, une artificialisation des sols au détriment des espaces naturels et la fragmentation de ceux-ci.
La diminution de l'importance de la nature dans l'éducation publique et privée.
La peur des parents pour la sécurité de leurs enfants amplifiée par les médias. La peur de l’autre, de l’étranger les poussent à les surprotéger.
L’auteur milite pour un urbanisme vert avec la création d’espaces urbains qui favoriseraient la vie sauvage et la biodiversité plus que sa destruction.
Comment ne pas être d’accord ?
Richard Louv aspire à sensibiliser les parents, les éducateurs et les décideurs politiques à ces enjeux liés à la déconnexion de la nature. L’objectif est de stimuler la prise de conscience et de provoquer un changement en faisant du "syndrome de déficit de la nature" une problématique publique, inscrite officiellement comme une pathologie reconnue par les professionnels de la santé.
Bonne nouvelle, ce n’est cependant irréversible et une reconnexion à la nature pourrait rapidement régler ce problème de déconnexion. Sortons nos enfants!!
“In nature, a child finds freedom, fantasy and privacy : a place distant from the adult world, a separate peace. “
_Richard Louv
La carte de Sheffield ou comment la liberté s’est réduite comme peau de chagrin!!
Enfant, je n’ai pas été limité dans mes déplacements, la seule peur que l’on éprouvait était celle de ne pas être à l’heure pour le repas ou de nous perdre dans les bois.
Aujourd’hui le périmètre de jeux sur lequel peut se déplacer un enfant a littéralement fondu. En 2007, le médecin britannique William Bird le démontre en suivant la famille d’Ed Thomas qui habite depuis 4 générations dans la ville de Sheffield, au nord de l’Angleterre.
William Bird nous montre sur cette carte, la zone géographique sur laquelle se sont déplacées quatre générations d’enfants de 8 ans :
⬇ En 1919 l’arrière-grand-père d’Ed Thomas avait l’autorisation d’aller pêcher à 6 miles de chez lui soit à peu prés à 10 km.
⬇ En 1950, son grand-père Jack pouvait marcher jusqu’au bois à 1 mile de chez lui soit à peu prés 1,6 km.
⬇ En 1979, sa mère Vicky pouvait se rendre seule à la piscine à 0,5 mile de chez elle soit 800 m.
⬇ En 2007, Ed Thomas avait le droit d’aller seulement au bout de sa rue à 300 m.
A l’évidence, cette limitation dans l’espace a des conséquences sur le rapport des enfants avec la nature, dans nos villes conceptualisées pour des adultes motorisés.
Mais aussi
24 livres recommandés pour dynamiter les idées reçues sur les politiques publiques en 2024 : les résumés que nous propose Sylvère Mercier dans sa newsletter donnent envie de garder cette liste sous le coude, et d’y revenir de temps en temps pour faire le choix d’une prochaine lecture. Je suis sûr que vous y trouverez une thématique qui vous parle.
Solutions pour déficit de nature : dans une ancienne édition, j’avais eu le plaisir d’inviter Valentin Caillavet pour parler du projet Natura City. Ce projet répond aux problématiques des territoires pauvres en nature, tout en impliquant les citadins dans l’amélioration de leur cadre de vie.
Un GIF pour représenter l'espace dédié et l'espace nécessaire à la voiture en ville. Voilà comment l’hiver et la neige pourraient nous aider à rendre les rues plus équitables, respirables et végétalisées.
Le système à caissons pour la plantation d’arbres : composé de modules en plastique renforcé ou en béton, cette solution novatrice pour la plantation d'arbres en milieu urbain favorise la croissance des arbres en offrant une structure portante remplie de terre végétale non-compactée.
“Les Enfants dehors”, le lieu de nature en ville dédié aux familles, cherche à boucler le financement de sa première installation à Montpellier. Vous pouvez aider en votant pour le projet au budget participatif de la Région Occitanie (date limite 15 Janvier)
Raconte moi une histoire avec un arbre : chez 420arbres, au mois de décembre on a invité une quinzaine de personnes, issues de divers univers professionnels, à venir parler de leur histoire intime avec un arbre. C’est en ligne sur Instagram!
Voilà pour cette nouvelle édition; j’espère qu’elle vous a plu, et qu’elle nous amènera à nous questionner notre rapport à la nature et surtout à celui de nos enfants.
Avant de partir…
Prenez soin de vous !
Toujours aussi agréable à lire cette monthly daily green ;-) Bravo